about
Attention, ceci n’est pas une chanson confinée !
Mathieu Haro : texte,
Edouard Romano : composition, arrangements,
Au commencement, il y a bien eu le confinement sanitaire, ce « lockdown » vécu simultanément par une majorité de l’humanité.
L’heure était à l’arrêt ou presque, et malgré l’envie d’écrire qui tournait en rond, un texte a fini par émerger. Un texte pour dire, un texte pour essayer de faire vivre une parole poétique, pour essayer aussi de dénicher du sens qui ne soit pas confiné, lui…
S’en est rapidement suivi une composition pour soutenir, pour amplifier. Une composition pour faire porte-voix, pour rassembler aussi d’autres artistes en mal d’expression.
Il manquait encore une image pour ouvrir, dire à sa façon, et aussi, des mots d’autres langues pour traduire et faire en sorte que l’ensemble ainsi créé ne s’arrête pas aux frontières désespérément fermées… C’est désormais chose faite.
Voici « Humanité confinée », premier né du groupe (enfin déconfiné) « HaRomano ».
Avec la participation confinée de :
Mathieu Haro : , voix
Edouard Romano : composition, arrangements, édition, trompette wah-wah
Laetitia Frison : voix intro
Nicolas Tuaillon : saxophone soprano
Cyrian Prud’homme : trompette, bugle
Damien Prud’homme : saxophone baryton, ténor
Olivier Jansen : trombone
Claire Brown Chookie : guitare basse
Jean-Marc Robin : batterie
Stéphane Escoms : claviers
Eric Starczan : guitare
Jean Pascal Boffo : création ambiance sonore, technicien son, mixage (studio Amper, Clouange)
Cyril Favory : illustration,
lyrics
Humanité confinée
Ainsi, la première chose que la peste apporta à nos concitoyens fut l’exil. (…) Mais si c’était l’exil, dans la majorité des cas, c’était l’exil chez soi. Albert CAMUS, La Peste. Réalité à tiroirs, porte ouverte sur d’autres fenêtres, d’autres questions.
Tous confinés, juste à temps pour se demander depuis quand, dans quel carcan, et au bénéfice de quel clan ? Tous confinés, Mais de qui, de quoi sommes nous les jouets ? Nature, Etats, ou bien ces pouvoirs d’au-dessus qui ont pris le pas sur nous et en veulent plus, et veulent tout ? Et si le remède était de comprendre le mal ? Et si nos corps pouvaient prendre acte de la fuite en dehors réclamée par nos consciences enfermées ? L’horizon du printemps semble confiné, lui aussi… Les métaphores ont pris peur et le temps ne sert plus qu’à compter la mort qui avance. Les poètes n’ont plus de langue, les prisonniers se sentent moins seuls et d’autres croient peut-être les comprendre. Les mots craignent pour leur lendemain, les artistes n’ont plus de paye, seulement l’ennui de comprendre l’inutilité de leur condition. Désormais,
seul le tourbillon des mouches et leurs noms d’insectes révélés occupent tout occupant de sa pauvre piaule. Le champ lexical du monde s’est replié dans sa cellule, lui aussi.
Évasion, verrous, serrures, quatre murs sans fenêtres sur la vie. La prison s’est étendue
loin des grilles de nos cages d’avant. « Humanité confinée »,
les infos en parlent, et ils parlent et ils parlent… « Humanité confinée », les infos en parlent, et ils parlent et ils parlent, si bien qu’ils n’ont plus que des questions de prisonniers à nous faire poser. Et si je sors promener mon porte-monnaie comment faire pour le faire cracher ? Et si l’après restait masqué ? Et si je m’échappe et si je cours et si je fuis ?
Et si mon évasion était trop facile ? Et si ce gardien malin en profitait pour me flinguer, pour tirer dans mon dos sur tous mes jours d’après ? Et si la liberté d’après me faisait préférer la prison d’aujourd’hui ? Et alors, demain, comment pourrais-je encore rêver sans connaître au juste le prénom du geôlier ? Humanité confinée ? Tous confinés.
M.H
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